2. Ecrire son autobiographie

Indispensables relectures !

Vous avez terminé le premier jet de votre autobiographie ?

Bravo ! L’essentiel est fait.

Ne négligez pas pour autant la phase de relecture, avant de passer à la fabrication de votre livre.

Nous sommes tous pareils : impatients de tenir notre livre en main (nous l’avons en projet depuis si longtemps !). Nous avons souvent pris du retard dans sa rédaction, il est tentant de nous contenter d’une relecture rapide pour gagner quelques jours ou quelques semaines et respecter le délai que nous nous sommes peut-être fixé.

Quel dommage ! Vous n’écrirez votre autobiographie qu’une seule fois, elle mérite que vous ne grilliez pas les dernières étapes. Vos lecteurs le méritent. Vous le méritez.

Des relectures approfondies sont indispensables pour identifier et supprimer les différents types de coquilles qu’il est normal de trouver dans la première version de votre récit :

– Incohérences (par exemple, deux dates différentes pour un même événement à deux endroits de votre livre… ou présentation d’une personne en page 100, alors que vous en avez finalement déjà parlé page 70 après l’ajout d’un paragraphe),

– Fautes de frappe, fautes d’orthographe, de syntaxe, de grammaire,

– Lapsus et catachrèses (emploi d’un mot pour un autre : conjoncture pour conjecture, d’avantage pour davantage…),

– Erreurs (sur une date, une chronologie, un lieu, sur les personnes présentes au moment d’un événement…).

Il est également nécessaire de traquer :

– Les maladresses de style (phrases lourdes ou peu claires),

– Les formulations trop vagues, amenant votre lecteur à interpréter vos propos,

– Les passages qui seront limpides pour quelqu’un de votre génération, mais incompréhensibles pour vos petits-enfants, vos arrière-petits-enfants (si votre livre leur est destiné).

Il est aussi conseillé :

– d’améliorer les passages dont le style est trop proche du langage parlé (emploi d’expressions familières).

– d’identifier les informations importantes que vous avez oubliées et d’ajouter les paragraphes correspondants.

Vaste programme ? Certainement !

Pour le mener à bien, la méthode la plus sûre est de procéder à plusieurs relectures différenciées, espacées dans le temps. En effet, notre cerveau n’est pas capable de vérifier de façon optimale le fond et la forme simultanément : repérer les fautes et, dans le même temps, réfléchir au style, à la cohérence du texte et de son organisation et au paragraphe qu’il serait intéressant d’ajouter.

Je vous conseille de procéder de la manière suivante :

I. Laisser passer quelques semaines entre la fin de l’écriture du premier jet et le début des relectures : cela vous permet « d’oublier » votre texte et d’acquérir un recul que nous sommes tous incapables d’avoir à chaud. En redécouvrant votre texte, vous verrez ses imperfections, alors que c’est impossible lorsque l’on est plongé dans son récit depuis des semaines, voire des mois.

II. Une fois ces quelques semaines passées, relire les réponses que vous avez apportées à l’article « 6 questions à vous poser avant d’écrire le premier mot de votre récit ». Ainsi vous les aurez bien en tête et vous pourrez vérifier que vous les avez respectées tout au long de votre récit.

Vous pouvez alors passer aux relectures. Je vous suggère d’en faire trois :

1. La première relecture oublie la forme pour se consacrer uniquement au fond

Vous allez :

– Juger de la cohésion d’ensemble,

– Chercher et modifier les informations incohérentes,

– Vérifier que votre livre délivre bien le message voulu et laisse l’impression générale que vous vouliez donner,

– Vérifier que vous respectez le ton que vous aviez choisi pour votre récit, ainsi que la forme que vous souhaitiez adopter,

– Identifier les épisodes importants oubliés et rédiger les paragraphes correspondants.

Si vous effectuez de nombreuses modifications au cours de cette première relecture, celle-ci va vous prendre du temps et vous risquez de perdre la vue d’ensemble de votre récit. Dans ce cas, une seconde relecture sur le fond, sur le même principe que la première, est utile.

2. La relecture suivante est dédiée à la forme

Cette fois, vous vous concentrez uniquement sur votre façon de vous exprimer :

– Vous identifiez et supprimez les maladresses de style (phrases mal construites, formulations pesantes, répétitions…),

– Vous reformulez certaines phrases pour que votre récit ne soit pas qu’une retranscription de ce que vous auriez pu raconter oralement,

– Vous traquez les phrases trop complexes et trop longues.

– Vous supprimez les mots inutiles.

Lire son texte à haute voix est un moyen efficace de prendre conscience de ce qui sonne faux et de trouver les formulations lourdes. Votre oreille entendra ce que l’œil ne voit pas toujours. Un récit facile à lire, fluide et clair plaira davantage à vos lecteurs. Alors, si vous butez sur des mots, si vous vous perdez dans votre phrase (« mais quand va arriver le verbe ? »), c’est sans doute qu’il faut la récrire.

Quand une phrase est très longue, demandez-vous s’il ne serait pas plus judicieux d’en faire deux.

À nouveau, vous pouvez procéder à deux relectures du style, si vous avez le sentiment d’avoir apporté de nombreuses modifications.

3. La relecture suivante est consacrée à l’orthographe et à la grammaire

Cette relecture n’est pas naturelle : vous ne devez prêter aucune attention à l’histoire, pour ne plus voir que les mots. Ce n’est pas facile : si vous vous rendez compte, au cours de cette relecture, que votre récit vous émeut ou que votre esprit revoit la scène évoquée, c’est que vous n’êtes plus uniquement concentré sur l’orthographe et la grammaire. Vous vous êtes laissé happer par votre histoire. C’est bien compréhensible, mais vous risquez alors de laisser filer quelques coquilles !

Je vous conseille d’effectuer cette relecture par petit passage (par exemple par tranche d’un quart d’heure). Cela vous permettra de rester concentré sur l’orthographe. Il est en effet impossible à quelqu’un dont ce n’est pas le métier de faire longtemps abstraction du fond.

Pendant ces courts moments de relecture, vous étudiez exclusivement le bon niveau de français de votre récit :

– orthographe des mots

– conjugaisons

– accords

– absence de lapsus et de catachrèse…

4. La dernière relecture est confiée à une autre personne

Elle n’est pas obligatoire, bien sûr, mais elle présente de nombreux avantages :

– La personne qui vous relit a le recul qu’il vous est difficile d’avoir : elle trouvera les coquilles plus facilement que vous (et plus facilement qu’elle ne trouverait celles de ses propres textes !),

– Elle vous indiquera son point de vue de lectrice (passages qu’elle n’a pas bien compris, moments où elle aurait aimé en apprendre davantage…)

– Un relecteur professionnel ne vous ruinera pas et il vous sera une aide précieuse si vous avez l’impression d’avoir laissé des maladresses de style ou que vous vous savez juste en orthographe. Il identifiera les mille et un pièges du français dans lesquels vous pourriez être tombé :

Qui se souvient de la différence entre « des drapeaux vert et rouge » et « des drapeaux verts et rouges » ? Des drapeaux vert et rouge portent chacun les deux couleurs, les drapeaux verts et rouges sont unis, soit verts, soit rouges.

Qui sait si l’on écrit « bailler aux corneilles », « bâiller aux corneilles » ou « bayer aux corneilles » ? L’expression correcte est « bayer aux corneilles », même si bayer aux corneilles vous fait bâiller !

Qui n’hésite pas entre « autant pour moi » et « au temps pour moi » ? Même si cela ne semble pas logique, c’est la seconde expression qui est juste.

De tels pièges sont pléthores dans notre chère langue française. À moins d’être professeur de français ou professionnel de l’écriture, vous avez tout intérêt à avoir recours à un relecteur professionnel si vous voulez que votre livre soit impeccable.

Les correcteurs d’orthographe des logiciels de traitement de texte sont une aide. Mais, attention, même les correcteurs dédiés aux professionnels de l’écriture font des erreurs, lorsqu’ils interprètent mal la phrase (l’ordinateur ne la comprend pas, il suppose que tel mot se rapporte à tel autre, mais peut se tromper).

Si vous devez retenir une idée de cet article, c’est la suivante :

Ne bâclez pas les relectures de votre récit, vous finiriez par vous le reprocher.

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